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La condition des musulmans sous l’extrême-droite en Italie

La condition des musulmans sous l’extrême-droite en Italie

Il n’y a pas qu’en France où il n’est pas facile d’être musulman en ces temps de stigmatisation. En Italie, un pays de surcroît dirigé par l’extrême-droite, la pratique de l’Islam est devenue un exercice compliqué dans certaines villes, particulièrement celles dirigées par des maires du courant xénophobe.

C’est notamment le cas à Monfalcone, dont un tiers des 30.000 habitants sont des immigrés de confession musulmane.

L’AFP est allée à leur rencontre. Une première scène attire l’attention. Un vendredi, quelques dizaines d’hommes font la prière à même le béton sur un chantier en construction.

Il se trouve en fait que la maire de la ville, Anna Cisint, issue de la Ligue du Nord, un parti d’extrême-droite membre de la coalition gouvernementale de Giorgia Meloni, a interdit la prière dans les centres culturels. Jusque-là, les musulmans y accomplissaient leur prière en l’absence de mosquées.

La loi italienne ne reconnaît pas l’Islam

Dans cette région d’Italie, la Ligue du populiste Matteo Salvini bloque toute construction de mosquée. Mais, explique Yahya Zanolo, de la Communauté religieuse islamique italienne (COREIS), le problème est posé dans tout le pays, dont la loi reconnaît 13 religions, mais pas l’Islam.

La construction de mosquées étant de ce fait très compliquée, les deux millions de musulmans d’Italie sont contraints de prier dans des centres culturels ou « des lieux de culte de fortune » comme celui de Monfalcone.

Moins de 10 mosquées pour plus de 2 millions de musulmans en Italie

Pour un tel nombre de musulmans, il y a moins de dix mosquées reconnues officiellement dans toute l’Italie, dénonce Yahya Zanolo. La prière est pourtant un droit constitutionnel.

Les musulmans de Monfalcone, pourtant présents sur place pour la plupart depuis la fin des années 1990 et les années 2000 et naturalisés italiens, sont frustrés par la situation qu’ils considèrent comme une discrimination à leur égard.

« Catholiques, orthodoxes, protestants, Jéhovah, s’ils ont tous leur église, pourquoi ne pouvons-nous pas en avoir une ? », s’interroge Rejaul Haq, le propriétaire du chantier qui sert de lieu de culte, arrivé du Bangladesh en 2006.

« Dites-moi où je dois aller ? Pourquoi dois-je sortir de Monfalcone ? J’habite ici, je paie mes impôts ici ! », dénonce-t-il.

« Il y a trop de musulmans… »

La maire se défend de toute « discrimination » et parle de « réglementation ». Tout en prétendant qu’elle ne fait qu’appliquer la loi et qu’elle n’est « contre personne », elle finit par se trahir en jugeant que les musulmans sont « trop nombreux pour Monfalcone », leur nombre ayant accru par les regroupements familiaux et les nouvelles naissances. « Il y en a trop… Il faut dire les choses telles qu’elles sont », insiste-t-elle.

Comme en France et dans de nombreux pays européens, le discours antimusulmans est politiquement très porteur en Italie. La maire Anna Cisint est sous les feux des projecteurs grâce à ses prises de positions, parmi lesquelles sa dénonciation de la « résistance à l’intégration » de la communauté musulmane « très fermée », de l’enseignement de l’arabe et non l’italien dans les centres communautaires, les épouses qui marchent derrière leurs maris, les écolières voilées…

Grâce à ce discours, elle s’est assurée une place sur la liste de ligue du Nord pour les élections européennes de juin prochain. L’immigration, particulièrement musulmane, est d’ailleurs le thème central de la Ligue pour le prochain scrutin. Son chef Salvini a estimé que ce sera un référendum pour décider « si l’Europe existera toujours ou si elle sera une colonie sino-islamique ».

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