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L’Algérie autorise l’importation du matériel agricole de moins de 7 ans

L’Algérie autorise l’importation du matériel agricole de moins de 7 ans

Par Image'in / Adobe Stock
Un tracteur.

· L’Algérie autorise l’importation des engins agricoles de moins de 7 ans

· Des conditions strictes encadrent cette opération

· L’agriculture algérienne reste peu mécanisée

Le décret relatif à l’importation de matériel agricole rénové est enfin paru au Journal officiel. Il devrait permettre aux agriculteurs algériens d’acquérir des engins de moins de 7 ans d’âge. La décision était attendue par les professionnels, dont les représentants ont bataillé pour que l’âge du matériel en question soit porté à 7 ans contre 5 comme initialement prévu.

Le décret exécutif n°24-241 signé le 22 juillet courant par le Premier ministre, Nadir Larbaoui, fixe « les modalités de dédouanement, pour la mise à la consommation, des chaînes et des équipements de production ainsi que des équipements et matériels agricoles, utilisés ».

Afin d’éviter toute dérive, des conditions strictes encadrent cette mesure. Le matériel importé devra « être mis en service par l’opérateur économique, pour les besoins propres de son activité, dans un délai de six mois, à partir de la date de leur dédouanement ».

Par ailleurs, sa mise en service devra être « attestée par un procès-verbal établi par un huissier de justice ou par un expert spécialisé, assermenté et agréé », selon la même source.

Matériel agricole, nette évolution des pratiques

Les producteurs devraient profiter de cette mesure, d’autant plus que de nombreuses cultures restent encore peu mécanisées en Algérie.

C’est le cas de la récolte des pommes de terre, un produit consommé à raison de 110 kg par habitant et qui fait aujourd’hui jeu égal avec les céréales. Si le déterrage des pommes de terre est mécanisé, le ramassage des tubercules reste encore entièrement manuel. Ce sont des ouvriers agricoles payés à la tâche, c’est-à-dire au nombre de cageots remplis, qui ramassent les 50 millions de quintaux produits chaque année.

Les producteurs de blé ont plus de chance. Aujourd’hui, les moissonneuses-batteuses sous licence Sampo fabriquées à Sidi Bel-Abbès permettent une récolte en vrac.

Dorénavant, grâce à leur vis sans fin, les engins vident directement les grains dans les remorques. Finie la manipulation des sacs de grains de 50 kg dans la chaleur de l’été. Autre avantage, cela « a permis la réduction de la durée de la campagne de moisson-battage de 3 à 1 mois », selon le ministère algérien de l’Agriculture.

Par contre, la récolte des olives reste majoritairement manuelle, c’est notamment le cas en Kabylie où elle mobilise une main d’œuvre essentiellement féminine.

L’utilisation de peignes mécaniques alimentés par batterie portative reste faible alors que ces engins permettent de décupler la productivité de la main d’œuvre.

Quant à la récolte totalement mécanisée des olives, elle reste insignifiante, seule la société Orus Agriculture la pratique à Saïda sur plusieurs centaines d’hectares en pleine steppe.

Grâce à d’énormes engins qui enjambent des oliviers d’origine espagnole de petite taille plantés côte à côte comme des ceps de vignes, les olives sont arrachées par des brosses tournant à grande vitesse.

Des cultures restent encore peu ou pas mécanisées en Algérie. C’est le cas des oignons, de l’ail et des tomates. Dans le cas de l’ail, à Teleghma (Mila) le déterrage est le plus souvent assuré par des engins rudimentaires mis au point par les artisans locaux.

Une lame horizontale en acier enfoncée à une dizaine de centimètres dans le sol et tirée par un tracteur permet de déterrer les plants. Mais lier par les plants par quinzaine en bottes reste une opération manuelle, de même que le conditionnement avant stockage. Il s’agit d’un travail fastidieux qui fait appel à une nombreuse main-d’œuvre locale et souvent subsaharienne.

Dans la région d’El Oued, avant que quelques planteuses d’ail ne fassent leur apparition, des agriculteurs utilisent des fûts de 200 litres vidés de leur contenu et dont les parois extérieures ont été munies d’ergots. Une fois roulés sur le sol, ces fûts laissent sur le sable autant de trous où des ouvriers glissent ensuite dans chacun une gousse d’ail.

Dans le cas de la tomate de conserve, l’utilisation d’engins de récolte de marque italienne progresse. La conserverie Benamor à Guelma en dispose une dizaine.

À El Tarf, les frères Kraimia, spécialisés dans la culture de tomate, déclarent disposer de 3 de ces engins. Quelques planteuses mécaniques ont fait leur apparition, mais elles restent rares.

Le plus souvent, le repiquage est manuel. Et pour bon nombre d’ouvriers, cette tâche est réalisée à l’aide d’un plantoir en bois façonné dans une branche d’arbre. Ce qui fait dire à un jeune s’exprimant sur les réseaux sociaux : « Quand on est embauché pour le repiquage, la première chose à faire est avant tout de trouver le bon morceau de bois ». Des opérations de repiquage qui concernent aujourd’hui plusieurs milliers d’hectares.

Matériel agricole, des succès et de nombreux défis

Malgré ces insuffisances, les progrès de la mécanisation de l’agriculture sont notables en Algérie, en particulier dans le cas de la récolte des fourrages.

L’introduction d’ensileuses et d’enrubanneuses à poste fixe permet aujourd’hui de conditionner le maïs fourrage sous forme de balles rondes d’une tonne. Une technique qui a révolutionné la production de fourrage sous pivot au Sud et a fait de la région de Ghardaïa un pôle laitier en plein désert.

Les défis restent nombreux. La spécificité du climat local laisse peu de place à des cultures semées au printemps, ce qui reporte sur l’automne le semis de la plupart des cultures.

Résultats, des pointes de travail insurmontables. Il n’est pas rare que les semis de blé se poursuivent jusqu’en janvier, réduisant d’autant le rendement final. Une situation dénoncée en février 2023 par le président Abdelmadjid Tebboune lors des Assises nationales de l’agriculture, il faisait remarquer que : « Si les tracteurs ont des phares, c’est pour qu’ils puissent être utilisés malgré l’obscurité ».

Fin juillet, Youcef Cherfa, le ministre de l’Agriculture et du Développement rural, a indiqué que l’objectif était de porter à 3,2 millions d’hectares les emblavements de céréales lors de la prochaine campagne céréalière. Des emblavements dont un dernier recensement avait indiqué qu’ils n’étaient que de 1,8 million d’hectares.

Le défi est d’autant plus grand que le dérèglement climatique actuel se traduit par un retard des pluies d’automne, réduisant d’autant la fenêtre d’opportunité pour les semis en Algérie.

Longtemps, la production locale de tracteurs a concerné des engins de moyenne puissance, inférieure à 100 chevaux, ne permettant pas de tirer des outils de plus large envergure.

Dans le domaine du conditionnement des fruits et légumes après récolte, seules des entreprises comme CATM ou Tahraoui utilisent des chaînes de conditionnement de fruits et légumes modernes.

Matériel agricole, nouveautés et innovations locales

L’accès à Internet permet aujourd’hui aux agriculteurs de découvrir de nouveaux types de matériel. C’est également le cas des foires et salons agricoles. Dans le cas du conditionnement des fourrages ensilés sous forme de balles rondes enrubannées, Amine Bensemmane président du Sipsa-Filaha, le salon international agricole qui se tient chaque année à Alger, aime raconter que c’est la présentation d’une machine de marque autrichienne de marque Göwel qui a permis de développer la culture du maïs fourrage en Algérie.

La demande en matériel agricole est telle, qu’il arrive souvent que le matériel étranger exposé soit promis à des acheteurs potentiels dès les premières heures d’exposition.

En Algérie, l’inventivité des artisans locaux est débordante. Ainsi, si El Oued est devenu une région productrice de pomme de terre, elle le doit à la mise au point par ses artisans d’un modèle original de pivot rotatif.

Le prototype de l’engin mis au point dans l’atelier d’un artisan soudeur a vite conquis les agriculteurs locaux. Permettant d’irriguer une surface d’un hectare contrairement aux rampes-pivot de 30 hectares, il a servi de tremplin aux agriculteurs disposant de peu de moyens.

Aujourd’hui, des artisans d’El Oued s’intéressent à la mise au point d’arracheuses de pomme de terre.

À Relizane, en s’inspirant de modèles étrangers, des artisans ont mis au point des machines permettant de repiquer les plants de melons et de pastèques sous film plastique avec localisation des engrais et pose simultanée d’un tuyau d’irrigation par goutte à goutte.

En 2023, Ghlamallah Rahmani, un de ces artisans, confiait à Ennahar TV que ce type d’engins permet de préparer quotidiennement douze hectares contre un seul auparavant. L’artisan indique produire des buteuses et des planteuses de pommes de terre à un prix inférieur au matériel importé.

Nul doute que l’importation de matériel rénové et le soutien à la production locale permettront de gagner en productivité. Dans son petit atelier Ghlamallah a un espoir : « Bénéficier d’un terrain dans la zone industrielle de la commune de Relizane pour embaucher des jeunes et pour produire des douzaines d’engins et ainsi arriver à une production à 100 % algérienne afin de réduire les montants importants nécessaires à l’importation de matériel et répondre aux besoins des agriculteurs ».

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