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Présidentielle algérienne : les intentions de Tebboune, un secret bien gardé

Présidentielle algérienne : les intentions de Tebboune, un secret bien gardé

À quatre mois de l’élection présidentielle anticipée du 7 septembre prochain, la scène politique algérienne ne s’emballe pas. Il manque pour cela un élément central qui est l’intention du président Abdelmadjid Tebboune.

Abdelmadjid Tebboune briguera-t-il un second mandat ? Nul ne peut prétendre détenir ne serait-ce que le début d’une réponse tant le chef de l’État et son entourage gardent bien le secret. Ceux qui attendaient la double sortie présidentielle de mercredi et jeudi derniers pour voir plus clair, sont restés sur leur faim.

Lors de la cérémonie organisée jeudi 2 mai au Centre international des conférences (CIC) d’Alger à l’occasion de la journée internationale de la liberté de la presse, Abdelmadjid Tebboune n’a pas parlé.

La veille, au siège de l’Union générale des travailleurs algériens (UGTA), il avait en revanche prononcé un long discours centré sur les questions économiques et sociales. Ceux qui se sont échinés à le décortiquer n’ont rien décelé concernant les intentions du président Abdelmadjid Tebboune.

Le chef de l’État a certes dressé le bilan de ses quatre ans et demi au pouvoir. Un bilan qu’il a présenté comme très positif, chiffres et faits à l’appui, au moins concernant sa gestion de l’économie et ses efforts pour la moralisation de la vie publique algérienne.

Mais il a soigneusement évité de laisser apparaître le moindre indice qui permette de conclure à un bilan d’adieu ou à un discours de campagne d’un président qui estime avoir bien travaillé et tenu ses engagements et qui songe à solliciter à nouveau la confiance de la nation.

Le président Tebboune garde ses intentions à quatre mois de l’élection présidentielle et il faut dire que dans les mœurs politiques algériennes, c’est le contraire qui aurait étonné.

Depuis au moins 20 ans, il a toujours fallu attendre le tout dernier jour du délai légal de dépôt des dossiers de candidature devant le Conseil constitutionnel pour connaître les intentions du président sortant. Avec Abdelaziz Bouteflika, c’était évidemment à chaque fois la sollicitation d’un autre mandat. Mais ses proches s’occupaient de préparer le terrain bien avant.

On peut penser que cette seule temporisation de Abdelmadjid Tebboune devrait aussi déboucher sur sa candidature, mais c’est très faible comme indice. D’autres sorties, déclarations, mesures et annonces présidentielles sont nécessaires pour conforter ou affaiblir cette éventualité.

Même lorsque la question a été posée directement au président, il a à chaque fois livré la même réponse, à savoir qu’il est encore trop tôt pour se prononcer.

« Je n’ai aucune réponse et je n’y pense même pas. Nous sommes à deux ou trois mois au-delà de la mi-mandat et c’est plus que trop tôt d’en parler », a-t-il répondu lors d’une entrevue avec la presse nationale en décembre 2022.

Fin mars dernier, soit 15 mois plus tard, il a dit la même chose, estimant qu’ « avant l’heure, ce n’est pas l’heure ». « Je ne réponds pas, ce n’est pas le moment approprié, car il y a encore un programme que je suis en train de mettre en œuvre », a-t-il évacué alors qu’il avait fixé depuis quelques semaines la date de l’élection anticipée.

Candidature ou pas du président Tebboune : l’Algérie attend des signaux à décrypter

L’autre baromètre qui permettait jusque-là de décrypter un tant soit peu pareille situation, c’est l’activité et l’attitude de la classe politique.

Cette fois, les partis, du moins les plus pesants sur la scène et ceux réputés proches du pouvoir, ajoutent du flou à l’opacité par leur silence incompréhensible.

Trois personnalités se sont déclarées officiellement candidats à la candidature. Il s’agit de la figure de l’opposition Zoubida Assoul, présidente de l’Union pour le changement et le progrès (UCP), Belkacem Sahli de l’Alliance nationale Républicaine (ANR) et Louisa Hanoune, secrétaire générale du Partir des travailleurs (PT).

L’annonce de la candidature de Louisa Hanoune, le 20 avril dernier, était présentée par les commentateurs comme l’entrée en lice du premier « poids lourd » de la classe politique algérienne dans la course à la présidence.

Il était légitimement attendu que cette annonce fasse bouger les choses. Mais il n’en est rien. Il n’y a toujours pas cette activité débordante des états-majors des formations politiques qui marque l’approche des grands rendez-vous. Y compris chez les partis qui ont officiellement présenté un candidat.

« Pour des raisons incompréhensibles, le débat public n’est jusqu’à présent toujours pas entamé. Les médias publics et privés sont inanimés et la société politique encore en hibernation », a regretté Jil Jadid la semaine passée.

Le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) s’est exprimé ce week-end à l’occasion de la tenue d’une réunion de son secrétariat national. Il a dit son scepticisme tout en estimant qu’ « il n’est pas encore trop tard pour faire du rendez-vous présidentiel un moment de sursaut patriotique ».

Chez le reste de la classe politique, c’est le silence assourdissant. Et ceux qui l’ont brisé, c’est pour annoncer que leurs organes habilités trancheront au moment opportun.

À quatre mois du scrutin, on ne connait pas la position des grands partis proches du pouvoir, le FLN, le RND ou le mouvement El Bina de Abdelkader Bengrina qui va désigner son candidat lors de la prochaine réunion de son conseil consultatif, pas plus que ce que l’on sait des intentions du Front des Forces socialistes (FFS) dont le premier secrétaire national Youcef Aouchiche a déclaré ce samedi que le parti va prendre sa décision lors de la prochaine réunion de son conseil national.

De son côté, le Mouvement de la société pour la paix (MSP) a dit jeudi qu’il tranchera la question de la présidentielle anticipée du 7 septembre prochain lors d’une session extraordinaire de son conseil consultatif prévue fin mai.

De nombreux autres partis et personnalités politiques attendent des signaux à décrypter pour se positionner sur le scrutin présidentiel du 7 septembre prochain.

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